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Commentaire CAFFES du 27/02/15 adressé à la Voix du Nord concernant l’article « J’ai testé : le lâcher prise, le temps d’un voyage sonore » publié le 24 février dernier.

3 mars 2015

Bonjour Madame,

Centre d’accueil, d’écoute, de prévention et de formation, le CAFFES, qui reprend cette année l’activité de l’ex-ADFI Nord-Pas de Calais-Picardie, accompagne les familles et sortants d’emprise sectaire.

Certaines techniques dites « thérapeutiques » nous posent questions et nous ne pouvons que constater, à travers les récits des familles que nous accompagnons au centre, que des faits dommageables pour l’individu peuvent en découler.

Nous y sommes tellement confrontés dans notre action quotidienne qu’il est de notre devoir de prévenir.

Aussi, suite à l’article rédigé par vos soins le 24 février dernier sous le titre « J’ai testé : le lâcher prise, le temps d’un voyage sonore » et aux appels déjà reçus de familles s’en inquiétant, nous réagissons, non pas dans le but de nous opposer ou de juger les « thérapies » proposées, mais simplement pour savoir si vous comptez, dans le cadre d’un travail journalistique objectif, également inviter le public, à qui une telle offre « thérapeutique » peut, un jour, être proposée, à la vigilance.

Notamment afin qu’il s’assure que les personnes faisant de telles offres disposent de diplômes universitaires de santé et de garanties professionnelles suffisants, autres que de vagues références dans des formations non validées, généralement sanctionnées par des certificats sans valeur.

Car les techniques dites « thérapeutiques » mentionnées dans votre article (tel le Reïki) relèvent du mouvement controversé du« Nouvel Âge », à l’intérieur duquel on retrouve de telles techniques, non sectaires au demeurant mais non reconnues par l’Ordre des médecins. Lesquelles peuvent s’avérer dangereuses pour la personne et son entourage lorsqu’elles ne sont pas pratiquées par des personnes préparées à cet effet et diplômées par des formations reconnues par l’Etat.

Des techniques au sujet desquelles un service du Premier ministre, la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (MIVILUDES), appelle régulièrement à la vigilance quant aux « promesses et recettes de guérison, de bien-être et de développement personnel » qui « sont au cœur des pratiques à risque de dérives sectaires….Ce phénomène est préoccupant par le nombre de victimes, la plupart du temps en situation de grande vulnérabilité » (cf : Guide 2012 de la MIVILUDES, « dérives sectaires et santé », p5; http://www.derives-sectes.gouv.fr/quest-ce-quune-d%C3%A9rive-sectaire/o%C3%B9-la-d%C3%A9celer/les-d%C3%A9rives-sectaires-dans-le-domaine-de-la-sant%C3%A9/quell

Le Sénat également s’est penché sur la question de l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé, comme vous pourrez le lire dans son rapport 2013 en lien ci-après : http://www.senat.fr/notice-rapport/2012/r12-480-1-notice.html

Nous ne retirons rien au courage de Mme Pollet de se reconvertir. Cependant, nous nous interrogeons sur le recul dont elle dispose au regard des problèmes qu’elle a connus et sur les diplômes de santé qu’elle aurait justifiant (tel un psychologue clinicien, un médecin) l’accompagnement de personnes en souffrances et vivant un lâcher-prise pouvant parfois amener à des crises d’angoisses plus profondes.

En soi, les techniques de bien-être, de lâcher-prise ne nous dérangent pas, mais ce qui pose question réside plus dans les conséquences de ces pratiques pseudo-thérapeutiques appliquées à des personnes fragilisées et/ou vulnérables et utilisées par des « praticiens » ne disposant pas de techniques de soins éprouvées.

Car les personnes qui subissent ces conséquences dommageables arrivent bien souvent dans notre centre d’accueil, non pas avec des couvertures, mais avec des mouchoirs lorsqu’elles expriment, abusées de bonne foi, leur vécu ou celui d’un proche sous emprise.

Vous avez probablement passé un bon moment lors de cette expérience et peut-être en ressortez-vous sans emprise ni dommages, puisque n’étant probablement pas en demande ou dans un moment compliqué de votre vie. Mais en sera-t-il de même pour les personnes qui ont lu votre article ? Soit en le lisant dans le journal, soit en le lisant désormais sur le site de Mme Pollet qui s’est empressée de l’y mettre en bénéficiant maintenant de votre « caution ». Pour proposer notamment ce que votre article de terrain n’évoque pas, une certaine technique de «  reiki à distance » ( !). Dites-moi ce que cela veut dire?

On ne peut jouer avec la santé des personnes et notre mission est de les inviter à rester vigilantes face à ces diverses techniques, comme nous l’avons rappelé dernièrement dans notre édito de novembre dernier « Quand le bien-être chasse la santé » (voir lien : http://caffes.fr/quand-le-bien-etre-chasse-la-sante/ ).
Nous nous tenons à votre disposition pour toute information complémentaire.

Cordialement,
Pour le CAFFES, Charline Delporte, présidente.