BFM TV – 16 / 06 / 15 – Pyrénées-Atlantiques: opération de gendarmerie contre « Tabitha’s Place »
6 juillet 2015
Une importante opération de gendarmerie a été menée mardi au sein d’une communauté sectaire près de Pau. Les forces de l’ordre ont procédé à une dizaine d’interpellations.
Ils se surnomment « Tabitha’s Place », « Ordre apostolique », ou encore « Douze tribus », et vivent en communauté près de Pau, à Sus, dans les Pyrénées-Atlantiques, où ils sont installés depuis 1983. Les membres de ce mouvement sectaire ont été visés dans la nuit de lundi à mardi par une importante opération de gendarmerie. Une dizaine d’interpellations ont eu lieu.
« De gros moyens ont été engagés sur commission rogatoire du juge d’instruction de Pau, visant de multiples infractions. Environ 200 gendarmes sont mobilisés pour mener des investigations sur cette secte considérée comme ‘apocalyptique' », a précisé le colonel William Vaquette, commandant du groupement de gendarmerie du département.
Des médecins légistes ont également été dépêchés sur place pour examiner les enfants présents. Joint par téléphone, le procureur de la République à Pau a refusé de préciser dans l’immédiat les motifs de cette opération.
Les enfants déscolarisés et coupés de l’extérieur
Considérée comme une secte par la Commission parlementaire d’enquête sur les sectes, « Tabitha’s Place » compte à Sus environ 120 personnes, dont une cinquantaine d’enfants. En 2002, 19 membres avaient été condamnés à Pau pour « soustraction aux obligations légales des parents », notamment refus de scolarisation et de vaccination de leurs enfants. En 1997, un bébé de 19 mois y était décédé faute d’alimentation et de soins. Ses parents, adeptes de cette communauté d’origine américaine qui revendique l’application stricte de la Bible, avaient été condamnés à douze ans de réclusion criminelle.
Interrogé par BFMTV, Georges Fenech, député du Rhône et spécialiste des sectes, confirme leur caractère dangereux. « C’est une communauté qui vit en autarcie, et qui déscolarise les enfants. Ils se chargent eux-mêmes de l’enseignement, selon les préceptes des premiers chrétiens, sans aucune ouverture sur l’extérieur. Je considère que les enfants sont privés des droits fondamentaux reconnus par la convention de l’ONU. Il y a eu en plus quelques mauvais traitements, des châtiments corporels, une discipline rigoriste, du travail dissimulé… Je me réjouis de voir que la justice bouge. »