CAFFES-11/02/2022-A PROPOS DE L’ARTICLE DU MEDIA « VICE.COM » du 27/01/2022, « Mandarom, un ashram dans le Vercors »
24 février 2022
Il aura fallu attendre près de 21 ans, de 1969 à 1990, pour qu’enfin les pouvoirs publics s’intéressent à la cité dite « du Mandarom », construite au-dessus du village de Castellane (Alpes de Haute-Provence) par les adeptes du « messie cosmoplanétaire », autoproclamé, qu’a été Gilbert Bourdin aujourd’hui décédé.
21 ans de silence des autorités locales pendant lesquels la « cité » a prospéré en toute impunité derrière la figure folklorique – et même amusante pour certains – de son créateur avant que n’apparaisse grâce aux associations de défense des victimes une toute autre image de cette « cité » en raison des faits et dommages à caractère sectaire constatés en son sein.
Depuis ce constat, 32 ans ont encore passé marqués par des contentieux matériels liés essentiellement au droit de l’urbanisme concernant la destruction de la statue de 33 mètres à l’effigie du créateur de la cité du Mandarom – effectuée en 2001, ou encore la remise en état du site défiguré – toujours réclamée-.
53 ans se sont donc écoulés sans que le sort des victimes (1) des agissements sectaires perpétrés au sein de cette « cité » n’ait été véritablement reconnu. Et sans que les éventuelles complicités publiques et privées de ces agissements, imputés commodément au seul Gilbert Bourdin (+), n’aient été recherchés…
Las, les faits sont maintenant probablement prescrits et l’action publique éteinte mais cela ne doit pas nous empêcher de nous rappeler et de nous insurger des souffrances physiques et morales qu’elles ont subies. Pour ne pas oublier ces victimes, pour les assurer de notre complet soutien et pour nous indigner, avec elles, que la « cité » où elles ont tant souffert soit (re)devenu un centre touristique, une curiosité folklorique … que l’on visite en famille, comme si de rien n’était.
En constatant aujourd’hui cet aspect touristique, nous ne pouvons nous empêcher de penser à Florence Roncaglia, l’une des victimes de ce mouvement, et nous nous souvenons, attristés, que lors de la sortie du rapport parlementaire « Les sectes en France », nous étions assises l’une à côté de l’autre sur un plateau de télévision et nous étions sûres que l’Etat allait rapidement prendre en compte ces faits sectaires. C’était il y a 27 ans….
Charline Delporte, présidente du Caffes.
(1) Lire notamment le livre de Florence Roncaglia « Une victime témoigne » aux Editions de TF1, témoignage recueilli par Bernard NICOLAS.