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Témoignages
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Témoigner pour moi, pour les autres aussi – A.

Je m’appelle J., j’ai 20 ans.

Bonjour,
Je suis née et j’ai grandi dans une famille Témoins de Jéhovah. J’ai eu
la chance de réussir à échapper à l’emprise de cette secte en m’en sortant quand j’avais 15 ans.
Pour placer un contexte, la quasi-totalité de mon cercle familial appartient à ce mouvement mes
parents, mon petit frère, ma grand-mère, oncles et tantes, cousins … Les seules personnes de mon
entourage n’en faisant pas partie étant mon demi-frère et ma demi-sœur de 6 ans mes ainés qui venait
chez nous un week-end sur deux et mon grand-père maternelle.
De ma naissance à mon entrée au lycée, je n’ai jamais connu que cette vie, cet environnement, cette
normalité. Les préceptes religieux régissant mon quotidien, la peur du « monde », autrement dit de tout
ce qui est extérieur au mouvement, le repli sur soi, ne pas avoir d’amis à l’extérieur, tout cela me
paraissait être la norme, la vraie vie.
Au quotidien, cela se traduisait par des réunions deux fois par semaines, par des études
hebdomadaires à la maison de la Bible, de prosélytisme tous les samedi (toquer aux portes même en
étant enfant dans le froid …), la prière avant de manger, en bref, la religion au cœur de la vie
quotidienne.
De ma petite enfance au milieu de mon collège, j’ai subi du harcèlement scolaire, étant « la bizarre » qui
n’avait pas d’amis, qui n’allait pas aux anniversaires, qui parlait de la Bible à 6 ans. J’ai également été
diagnostiqué autour de cet âge comme étant « surdouée » et j’ai passé une classe. Aujourd’hui j’ai été
officiellement diagnostiquée d’HP (Haut potentiel) par ma psychologue. Evidemment, cela n’a pas joué
en ma faveur dans ce contexte compliqué. Je ne garde que très peu de souvenir positifs de ces années
sombres et malheureuses dans lesquelles, déjà je me sentais en complet décalage avec le reste du
monde.
Mais j’ai grandi, et au début du lycée des gens ont commencé à s’interroger un peu plus en profondeur
sur les raisons de mes « bizarreries ». J’étais la fille qui ne sortait pas, qui n’avait aucun réseau social,
qui ne fêtait pas les anniversaires ni Noël. N’ayant jamais vraiment connu ces fêtes, ça ne me manquait
pas, pour autant je sentais que ce n’était pas si normal que ça finalement. J’ai commencé à me rendre
compte que j’avais un profond mal-être en moi depuis des années, et que malgré l’arrêt du
harcèlement, j’étais toujours mal en point … Alors, j’ai parlé, avec une personne, qui m’a dit qu’elle me
croyait, et que je n’étais pas seule. Et j’ai compris que la source de ces maux que je ressentais était
sous mes yeux depuis 15 ans, que si je ne sortais pas maintenant, je mourrais dans ce mouvement.
Pour autant, pour moi ce n’était même pas envisageable de tout arrêter. Ma famille et tout
particulièrement mon père étant un adepte très investi et pieux, la sortie était absolument impossible
dans ma tête à 14 ans. Je m’étais alors décidé à attendre ma majorité, de peur d’être reniée et jeté à
la rue. Sur les conseils de mon amie, j’étais décidé à priorisé ma sécurité physique avant tout. Mais
évidemment, j’ai craqué avant. En effet, à cette époque depuis quelques années, mes frères et sœurs
ne venaient plus chez nous ayant coupé les ponts avec notre père à leurs majorités, cette situation me
faisait beaucoup souffrir. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas plus les voir, pourquoi ils
nous avaient abandonnés. Ma mère m’a alors dit que je devais faire leurs deuils, que je ne les reverrais
plus et que c’était comme ça. Cette phrase m’a fait un électrochoc, comment faire le deuil de
personnes vivantes sans même essayé de reprendre contact ?
Alors, dans le dos de mes parents, j’ai repris contact avec eux, et après quelques échanges, j’ai tout
compris. J’ai compris qu’ils avaient coupés les ponts avec mon père pour se protéger de son emprise
sectaire et de son influence néfaste. Cette secte les avait brisés par ricochets eux aussi. Ils avaient alors
reçu l’interdiction de mon père de rentrer en contact avec moi et mon petit frère tant que nous étions
mineurs. Voilà pourquoi, nous n’avions plus de nouvelles.
Décidée à les revoir, et forte de la certitude que je ne serais plus seule, j’ai sur un coup de tête du jour
au lendemain annoncé à mes parents que je ne mettrais plus les pieds aux réunions bihebdomadaires,
que je ne voulais pas être Témoins de Jéhovah. Pour ma mère, qui est également plus ou moins née
dans le mouvement cela a été un déchirement, car cela signifiait ma mort. En effet, selon leurs
croyances je ne serais pas ressuscité dans le « Monde Nouveau » c’est-à-dire le futur paradis établi par
Dieu sur Terre. Pour mon père, cela signifiait la fin de l’emprise qu’il avait sur moi, chose qu’il n’a
toujours pas digéré même 5 ans après. J’ai mis plus d’un an entre la réalisation de mon mal être, le lien
avec cette secte et ma sortie « officielle ».
Cela n’empêche pas qu’une page très noire de ma vie s’est ouverte ce jour-là, des mois de cris et de
disputes violentes et quotidiennes avec mes parents, une peine et une douleur terrible pour moi.
Convaincue de faire le bon choix, mais à quel prix ? Je n’avais aucun accompagnement psychologique,
des amis désemparés qui ne pouvait qu’essuyait mes pleurs quotidiens avant les cours. Cela m’a mené
à faire à cette époque, mes deux premières tentatives de suicide, j’avais à peine 16 ans. Mes parents,
aveugles sur mon mal-être n’en ont jamais rien su.
A ce moment, un peu moins fougueuse et plus réfléchie, j’ai décidé de mettre en place une forme de
« statu quo » tant que je vivrais sous le toit de mes parents, je me ferais discrète sur ma vie, je ne
prendrais plus part à leurs activités spirituelles, je ne dirais rien sur la leur. Finalement, c’était le moyen
de me protéger temporairement, j’ai établi une bulle de sécurité, retranchée ma chambre. J’étais
malheureuse, mais j’étais en vie.
J’ai eu droit à cette période à une visite des « Anciens » de ma congrégation, deux hommes qui ont
ouvert un tribunal pour me demander des comptes autour d’une table avec mes parents et mon frère.
J’ai réussi au prix du peu de dignité qui me restait, j’ai réussi à leur tenir tête, à rester sur mes positions
et à affirmer que je voulais être retirés de la liste des proclamateurs (les personnes autorisées à
prêcher).
Les années passant, j’ai choisi de faire des études « courtes » (BTS) et professionnelles dans l’objectif
de pouvoir travailler tôt et d’avoir la possibilité d’être indépendantes financièrement et d’avoir mon
logement. Finalement, après ce BTS, une opportunité de poursuite en alternance m’a convaincue à
poursuivre mes études en déménageant à 50km de chez mes parents en Septembre 2021.
Depuis, cette époque, je subi les conséquences de ces années de torture et d’enfermement
psychologique. Je souffre de troubles anxio-dépressif m’ayant poussé à commettre d’autres tentatives
de suicide. Je suis aujourd’hui à bientôt 21 ans en train d’entamer avec un soutien psychologique un
parcours de reconstruction qui sera long et pénible. Je suis brisée par ce parcours, mais je suis vivante,
et mieux accompagnée et soutenue que jamais par mon compagnon, ma psychologue, mes frères et
sœurs, mes amis. J’ai l’habitude de dire que je suis une balafrée, les cicatrices sont invisibles mais elles
sont là, un jour elles ne saigneront plus.
A ce titre, je veux témoigner aujourd’hui de mon histoire pour prouver que c’est possible de s’en sortir.
Le chemin vers la reconstruction est long mais il existe. Je souhaite sincèrement pouvoir apporter ma
pierre à l’édifice et aider à mon tour d’autres à s’en sortir. Ne serait-ce qu’en étant une oreille ou un
témoignage qui saura les réconforter. Il est impossible de faire sortir quelqu’un de cette secte, la
décision étant trop lourde psychologiquement, elle doit être profondément voulue. Néanmoins, un
soutien, une parole, une main tendue peut-être décisive dans une vie. Je veux juste pouvoir dire à
toutes les personnes qui se sentent mal, abandonnées, seules, « Je vous crois, vous n’êtes pas seuls ».

Remerciements de familles accompagnées par le CAFFES au fil des années :

« C’est moi qui vous remercie de m’avoir accompagné et soutenu avec votre association (Présidente, stagiaire, collègues de votre équipe). Sans votre soutien je ne pense pas que j’aurais réussi à protéger E…… des conséquences de la dérive à caractère sectaire de sa maman. De voir mon enfant tous les jours se rendre à l’école maternelle avec appétence, jouer normalement avec des enfants de son âge…Est une joie au quotidien et un grand soulagement ! » G….

« Je ne vous remercierai jamais assez du temps que vous m’avez accordé, où je vous ai appelé, complètement déboussolée. Le temps que vous m’avez accordé, votre écoute, vos conseils précieux, et aussi les opportunités données de témoigner ont grandement favoriser ma reconstruction » E…

« Je vous suis reconnaissant de votre sollicitude, conscient que votre expertise m’aide à être moins seul dans cette nouvelle épreuve. Avec toute ma reconnaissance et mes félicitations pour votre engagement. » D…

« J’ai travaillé plus de 30 ans dans le domaine du conseil…je pense être expérimenté pour apprécier le professionnalisme et l’efficacité d’une structure et des personnes qui la font vivre . Je ne sais comment vous remercier et vous complimenter pour l’exceptionnel travail que vous faites, votre écoute, votre empathie et vos conseils . Des situations complexes, j’en ai professionnellement et associativement beaucoup gérées dans ma vie, mais celle à laquelle je suis confronté …jamais …heureusement que des structures comme la vôtre existe ! « Chapeau »!!!  » J…

« Je tiens à vous remercier très sincèrement pour votre accompagnement et votre soutien bienveillant, ainsi que vos recherches concernant ma situation. Vous avez été un réel recours pour moi dans des temps très tourmentés, cela n’a pas de prix et m’a permis d’avancer. » E…

 » Je remercie chaleureusement le Caffes qui m’a accueilli les bras ouverts alors que j’étais désemparé. Je venais de prendre conscience que ma compagne était investie dans un groupe religieux très contrôlant. Ecouté, notre situation a été considéré avec beaucoup d’attention et de bienveillance. A partir de ce premier entretien, j’ai bénéficié d’un suivi et d’un soutien régulier tant que nous étions dans la difficulté et j’en suis ressorti à chaque fois « reboosté » car, avoue on le, être confronté à l’emprise sectaire chez un proche est une épreuve longue et éprouvante qui, je peux le dire aujourd’hui, nécessite un accompagnement spécialisé. Mais on s’en sort! Grâce à vous ma compagne m’a tout simplement dit qu’elle s’était réapproprier sa vie. Professionnel de santé je suis peut être plus sensible à vos actions d’aide et d’accompagnement et, si je m’efforce de préserver la Vie, vos actions permettent de sauver la vie d’individus et celle des membres de leur famille. Et je trouve ça très beau. Je remercie l’ensemble de l’équipe du Caffes pour leur engagement et leur bienveillance. Je salue sa présidente, Charline Delporte, une personne remarquable par son humanité, son expertise et sa force tranquille . Mille Mercis.  » S…