
C’est une année très particulière que nous venons chacun de vivre, régentée par la crise sanitaire du COVID-19 que notre pays et le monde entier traverse.
Ce contexte pesant a bousculé tous nos comportements, nous plaçant dans une sorte de bulles, de parenthèse, à l’instar de ce qu’engendre une emprise sectaire pour la personne qui la subie.
Juste avant le 1er confinement de mars 2020, notre centre d’accueil était dans un élan, une effervescence, avec des projets à développer au plus près des besoins des familles victimes d’emprise sectaire.
Ce contexte a alors chamboulé nos activités, nous obligeant à nous adapter aux mesures mises en place pour préserver tout un chacun, distanciation, gestes barrières. Il a fallu faire face, se réorganiser et dans une activité déjà complexe, c’était un véritable exercice d’équilibriste.
Un déferlement de propositions en tout genre présentées comme le « remède » au virus et pour lesquelles des médecins lançaient des alertes, ou encore « la solution » aux souffrances psychologiques qui en découlent, a surgit, surfant sur les peurs pour mieux manipuler les personnes et abuser d’elles.
Le CAFFES, de part son expérience des comportements de mouvements à caractère sectaire, l’a très rapidement vu arriver, appelant dès lors les pouvoirs institutionnels et le public à la plus grande vigilance quant à ces pratiques déviantes et leurs conséquences dommageables.
Chaque citoyen était interrogatif sur ce virus, il fallait tenter de comprendre, d’avoir des débuts de réponse. Et pour cela, on peut compter sur les manipulateurs de tous poils pour vous apporter toutes les réponses, y compris celles que vous n’attendiez pas !
Le COVID-19 n’a pas seulement impacté notre organisation quotidienne et mobilisé notre équipe quant à la prévention, il a également alourdi notre mission d’accompagnement des victimes d’emprise sectaire, augmentant le nombre de nouvelles demandes arrivant au centre, avec des questions auxquelles il nous était parfois difficile de répondre, aggravant certaines situations en cours de suivi,…
Cela n’a pas été de tout repos pour notre centre trouvant, fin du premier semestre, un moment de répit entre deux confinements.
Il a été évoqué que nous étions en « guerre », rappelant la nécessité d’une solidarité citoyenne.
Mais dans une période de guerre où peut très vite s’installer le chaos, qui en profite pour prendre le pouvoir ? Des personnes de mauvaise intention, qui entendent profiter de la situation pour assoir leur influence, utiliser le désespoir des gens qui donneraient tout pour être sauvés, et se faire ainsi de l’argent sur le dos de leurs victimes.
A l’exemple de ce que vivent ces mamans inquiètes pour leur fille, leurs petits-enfants, à qui l’ont a fait miroiter des projets d’avenir meilleur pour mieux les séduire et les pousser à partir, et qui, une fois le déclic survenu, se retrouvent entre les mains de rançonneurs ou laissés pour compte dans la plus grande des indifférences.
Dans ce contexte 2020 prompt aux manipulateurs en tout genre, pas uniquement issus du phénomène sectaire comme le montre l’actualité quotidienne, nous avons continué de soutenir au national le rôle primordial de la Miviludes, tentant de contrer la fragilité qu’impliquaient ces changements. Une fois de plus, notre centre a vacillé mais n’est pas tombé et aujourd’hui, nous connaissons la nouvelle place de chacun.
Et si l’année 2020 n’a pas été facile, d’autres ont aisément sorti la tête de l’eau : les charlatans dans le domaine de la santé, tentant de se faire une place au soleil de plus en plus grande.
Aujourd’hui, nous sommes en 2021 et face à la société qui se cherche, qui, dénonçant l’individualisme galopant, ouvre plus grand la porte à d’autres formes d’individualismes, celle des communautés de toutes sortes qui créent leurs propres lois rejetant celles de la République, dont il est difficile de sortir et parfois même d’entrer, isolant la personne de sa famille et de la nation.
Un terrain très favorable aux dérives sectaires qui sont plus que jamais présentes.
Va-t-on vers ce type de société où ce n’est plus l’intérêt général qui prévaut mais celui de petits groupes fermés au sein desquels l’individu fini par ne plus exister en tant que personne ?
Que deviennent la solidarité, le vivre ensemble ? Notre République n’est-elle pas indivisible, laïque, démocratique et sociale ?
Parce que l’isolement se retrouve dans le séparatisme, le communautarisme, nous sommes ravis qu’un projet de loi se penche sur la question et saluons le courage qu’il faut pour comprendre ces individualités qui durent depuis des années, tenter de contrer ce phénomène et en déjouer les faits dommageables tant pour la personne que pour la Société.
C’est aujourd’hui que se joue notre avenir.
Toute l’équipe du CAFFES et la présidente, Charline Delporte, Chevalier de la Légion dHonneur
Février 2021